Cadillac Seville

Quand j'étais gamin, au début des années 80, j'habitais Louviers, petite ville perdue dans l'Eure.

Mes parents possédaient alors une Peugeot 304 SL break d'entrée de gamme, verte intérieur tabac, véhicule à peu près aussi exitant qu'une déclaration d'impôts ou qu'un discours politique.

Notons que la 304 break avait remplacé une 204 break (blanche avec les fauteuils en plastique rouge dont le boudin se fendillait et venait me pincer la peau lorsque j'étais en culottes courtes), et fut elle même remplacée quelques années plus tard par une ... 305 break ! De l'utilitaire ou rien ! Enfin bref, que du bohneur !

Lorsque je faisais le chemin pour me rendre au collège, je longeais les murs d'une petite entreprise dont le patron possédait ... une Cadillac Seville.

Une Cadillac dans la rue, c'était à peu près aussi extraordinaire que si un vaisseau interplanétaire venait se poser dans mon jardin. Je ne pouvais pas passer à côté sans en faire le tour et la scruter dans ses moindres détails. Tout me semblait fantastique: la peinture bleue métallisée en deux tons, le pare-brise teinté avec un dégradé de couleur, les larges pneus à flancs blancs, les essuies-glaces dissimulés sous le capot, les fauteuils capitonnés, l'abondance de chromes, la calandre olympienne ornée d'un bouchon de radiateur triomphant, bref, un petit bout du rève américain dans ma grisaille quotidienne.

Toujours sur mon chemin, quelques rues plus loin, il m'arrivait de croiser une Austin Princess. Changement de décors : intérieur vieux cuir et boiseries, tout y respirait ce luxueux flegme Britannique.

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